Agio,
hiver 337 av. J.-C.
Aïda renvoya les Murmures, qui avaient joué leur rôle à la perfection. La Dame Noire exultait. Elle avait clairement ressenti l’instant où Philippe arrachait le collier d’Alexandre, éprouvant un plaisir violent proche de l’orgasme.
Et maintenant, elle se tenait accroupie dans la cave devant le corps de ses deux derniers amants. Le sang qui maculait leur poitrine n’avait pas encore fini de sécher.
Tout sourire, elle tendit la main vers le plus proche cadavre et traça une ligne ensanglantée de la plaie béante à l’abdomen. Au fil de l’histoire, l’humanité avait utilisé diverses monnaies, les Akkadiens préférant les cristaux, les Hittites le fer et les Perses l’or. Mais les démons n’acceptaient qu’un seul type de paiement : le sang, la source de la vie.
« Morphée ! s’écria la prêtresse en fermant les yeux. Eucliste ! »
Les assassins devaient en ce moment même approcher de Pella, et il était vital que les gardes du palais soient éliminés.
Elle renouvela son appel et la pièce se fit plus sombre tandis que la température chutait. Sentant la présence des entités maléfiques, Aïda susurra les mots de pouvoir. Aussitôt, les démons disparurent, emportant les deux dépouilles avec eux. Il ne restait pas la moindre goutte de sang sur le sol de la cave. Aïda se releva, tremblante d’excitation. Ce soir verrait le début d’une nouvelle ère. Le roi était condamné.